détail de l’actualité

3 questions à Christophe Delay,

Rédacteur en Chef / Présentateur de Première Edition, la matinale de BFMTV


La passion de l’actualité chevillé au corps, il se lève à 1h30 du matin depuis plus de 10 ans pour préparer « Première édition » la matinale de BFMTV qu’il anime avec son binôme Adeline François. Avec près de 5 millions de téléspectateurs - programme numéro 1 chez les moins de 50 ans – sur cette tranche d’info entre 6h et 8h30, Christophe Delay a imposé un style exigeant et décontracté dans notre paysage audiovisuel.

Pour JAM, il lève le voile sur les coulisses des médias audiovisuels et nous parle des spécificités de son métier. Au menu, quelques principes généraux et conseils pratiques sur la manière de faire connaître son expertise et devenir une source d’information pour les journalistes…

« La plupart des professionnels ont des connaissances et des pratiques quotidiennes très fortes, très signifiantes dans leur domaine d’activité et souvent ils ne les voient plus. Pourtant, c’est généralement précisément ce que recherche un journaliste car c’est ce qui intéresse ses lecteurs, ses auditeurs, ses téléspectateurs ».


  • En tant que rédacteur en chef de la 1ère matinale de France vous devez être très sollicité, quels conseils donneriez-vous à un indépendant qui souhaite se faire connaitre des médias ?

Pour un media d’information continue comme celui où j’exerce, la première attente est la réactivité. Pour nous solliciter, il faut donc être prêt et parfaitement conscient de notre façon de travailler. Avoir un beau sujet à proposer n’est pas suffisant, il faut également anticiper un lieu de tournage disponible et si vous n’êtes pas disposé à répondre à toutes les questions, y compris celles que vous ne souhaitez pas entendre, ce n’est pas la peine de nous contacter. Il faut composer avec le libre arbitre des journalistes qui peuvent certes valoriser de façon positive une information mais qui ont pour devoir de distinguer l’information de la communication. La valorisation ne se fait donc pas toujours sans critique. Ils ne sont pas là pour dépeindre « le tableau idéal » mais bel et bien pour mettre une information en perspective. L’essentiel est de trouver un terrain d’entente et savoir réagir y compris en présence d’un contradicteur. Il appartient donc à notre interlocuteur de se préparer, d’anticiper les attaques et formaliser des éléments de réponse en phase avec sa culture, son histoire et qui soient les plus authentiques possibles. Ne pas répondre sur un sujet sensible c’est créer de la suspicion et nous irons chercher l’information manquante. D’une façon générale, je remarque qu’une réponse franche est souvent la meilleure arme à disposition. En résumé, il faut comprendre que si nous pouvons relayer des initiatives positives, nous ne sommes pas redevables et être au fait de nos attentes spécifiques, nos formats, notre façon de travailler.


  • Comment se distinguer, formaliser sa différence dans des secteurs très compétitifs et émerger dans le brouhaha ambiant ?

Informez-moi, surprenez-moi et surtout racontez-moi des histoires en restant vous-même... La plupart des professionnels ont des connaissances et des pratiques quotidiennes très fortes, très signifiantes dans leur domaine d’activité et souvent ils ne les voient plus. Pourtant, c’est généralement précisément ce que recherche un journaliste car c’est ce qui intéresse ses lecteurs, ses auditeurs, ses téléspectateurs.

Si vous devez communiquer sur un véhicule par exemple, plutôt que l’opinion du spécialiste sur la performance exceptionnelle du moteur voire ses caractéristiques techniques, ce qui nous intéressera le plus c’est « A quoi ça sert ? Qu’est-ce que ça change concrètement pour l’utilisateur quand il roule ?», c’est bien cette information-là qui retiendra l’attention.

D’une façon générale, adopter un ton professoral, trop théorique, utiliser un jargon technique, abuser des acronymes sont autant de passeports vers l’échec car vous serez directement catalogué dans la catégorie des « experts obscurs »…

En revanche, affirmer une opinion claire puis l’expliquer, l’illustrer très vite par un exemple concret est la clé de la compréhension. Il ne s’agit pas d’être un bonimenteur mais bien de raconter des histoires qui ont du sens.

Encore faut-il savoir les raconter dans des formats contraints, si vous avez 2 mn de temps de parole, ce n’est pas la même chose que si vous en avez 15… Il faut donc bien se préparer et être impactant sur des temps courts.

In fine, il s’agit de suivre une règle journaliste simple : une opinion = un fait. Là nous avons le « bon client »…

Formaliser la différence, c’est se poser sur ce que l’on est vraiment, recueillir les faits, les petites ou grandes histoires (une réalisation, un cas client exemplaire, un chiffre marquant) qui viendront prouver que la singularité revendiquée est sincère. 

La préparation est fondamentale, être au plus proche de sa vérité aussi. 


  • Nous parlons souvent de nouvelles technologies dans cette newsletter, quels changements dans vos propres habitudes de travail ?

Globalement les outils digitaux ont réduit le temps et l’espace. Où que se déroule une action, l’information circule à une rapidité jamais expérimentée, parfois même en temps réel, partagée par tous, sans forcément de traitement journalistique… Elle est en ligne immédiatement et partout ! Il faut s’adapter. Mais les nouvelles technologies, de plus en plus mobiles et performantes, sont aussi aujourd’hui un incroyable facilitateur. Aujourd’hui un bon téléphone portable peut remplacer une caméra, les applis permettent de réaliser des interviews à distance avec une bonne qualité d’image… D’ailleurs, ne dit-on pas que grâce à ses outils, tout citoyen est un reporter en puissance, un capteur en temps réel ?

Dans cet environnement, nous devons jouer notre rôle et faire le tri entre une information pertinente et ce qui s’apparente à un coup de com’, nous avons besoin d’interlocuteurs réactifs pour ce faire.

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